SLOVAQUIE - La Maison de Jésus Miséricordieux

Au début du mois de mars, notre Foyer a décidé de libérer le logement destiné aux participants du retraites spirituel et d'autres activités et de le mettre à la disposition de familles réfugiées d'Ukraine. Nous étions conscients que nous allions réduire notre ministère (et la source de revenus de la maison) au minimum et annuler complètement de certains activités, mais nos priorités étaient claires.

À la fin de la première semaine de mars, les premières familles sont arrivées. Il y avait cinq familles au total à ce moment-là, certaines sont parties après un certain temps, parce-que nous les avons aidées à trouver un logement plus permanent, d'autres sont restées avec nous. Il y a actuellement trois familles avec nous - 5 adultes et 7 enfants. Nous ne disposons pas de logements plus grands.

Nous avons très vite compris que loger les réfugiés et leur donner les besoins de base - nourriture, vêtements - est la chose la plus facile à faire. Des exigences bureaucratiques nouvelles et compliquées de la part du gouvernement apparaissaient constamment devant nous. Avec chaque famille, il fallait passer par une série d'établissements bureaucratiques : organiser le séjour en Slovaquie auprès de la Police des étrangers (où nous étions souvent encore là pendant 10 heures et c'était dans une ville voisine), puis passer un contrat de logement auprès de l'office municipal, faire des déclarations de toutes sortes, et simultanémen trouver et organiser des écoles, des crèches et des soins médicaux, le tout lié à une bureaucratie immense. Par exemple, aucune famille, lorsqu'elle a fui les missiles, n'a emporté le carnet de vaccination de ses enfants, mais sans lui, les médecins locaux ne pouvaient pas confirmer leur admission dans les écoles

ou les jardins d'enfants, etc. Nous avons laborieusement obtenu ces cartes auprès de leurs médecins ukrainiens...

Et la dernière chose que nous sommes en train d'organiser est une recherche d'emploi pour les adultes

afin qu'ils puissent avoir une indépendance financière au moins partielle.  Cependant, dans notre région, il est difficile de trouver un travail adéquat - seul le travail en trois équipes est possible (jour et nuit), ce qui n'est pas une option pour les mères de jeunes enfants. De plus, ils ne connaissent pas la langue, certains ne connaissent même pas l'écriture latine. Pour cela une soeur de notre Foyer a commencé à leur enseigner la langue slovaque 4 à 5 fois par semaine.

Leurs histoires sont différentes et en même temps très similaires : l'une vient de Kharkiv, bombardée, et ne sait pas si elle aura un endroit où retourner, une autre famille vient d'Energodar, près de la centrale électrique de Zaporozhye - un

endroit récemment bombardé également, une autre famille vient d'Irpin - un lieu de massacre de la population locale... Les mères de ces familles vivent dans la crainte pour leurs maris et grands-parents restés au pays... Ils veulent tous

rentrer, mais ils commencent à comprendre que ce ne sera pas si rapide, ils ont peur de n'avoir nulle part où retourner et ils ne savent pas comment ils vont continuer à vivre. La semaine dernière, ils se sont joints à nous, du moins un peu, pour célébrer la Pâque (photo), bien qu'ils soient eux-mêmes orthodoxes et qu'ils célèbrent leur propre Pâque une

semaine plus tard - nous avons accepté de la célébrer ensemble également. Les relations dans le cadre du dialogue œcuménique feront plus que de beauxdiscours !

Soeur Veronika de Jérusalem,

coordinatrice du foyer de la Communauté des Béatitudes à Okoličné, Slovaquie